Elle était nue, sa peau grise brillait sous la lumière des néons. Blafarde. Elle était belle, aussi, belle comme un poème de Baudelaire, belle comme la vampire qui attire les anges dans son lit et se transforme en squelette après avoir aspiré leur lumière, les laissant vides et flétris, sur le bord du lit. Ses cheveux sombres et courts semblaient étinceler à la lumière, ses seins reposaient sur son buste fatigué des caresses et des baisers volés. Sur son visage d’une pâleur de mort brillaient des yeux sombres, animés d’une fièvre violente. La fièvre de la faim inassouvie. La flamme de la vie sur le faciès amaigri.
J’aurais aimé me révolter contre sa perfection. J’aurais aimé lutter contre mes passions. Les courbes de son corps, je les cherchais jusque dans les paysages pour ne plus la regarder. Ses yeux sombres, les rares fois ou elle les a plongé dans les miens, ont marqué mon âme au fer rouge d’un désir brûlant. Je la voulais et je la veux. En regardant sa bouche je pensais à ses baisers, en regardant ses mains j’ai frissonné comme si elles s’étaient posées sur moi. Je l’ai désirée comme jamais je n’avais désiré personne.