Vendredi 9 juillet 2010 à 23:01
"De temps en temps vous voyiez juste un homme et une fille qui traversaient une rue, en se tenant par la taille et tout, ou une bande d'illuminés et leurs petites amies qui riaient tous comme des hyènes pour quelque chose que vous auriez parié n'être pas drôle. New York est terrible quand quelqu'un se met à rire dans les rues, très tard dans la nuit. Vous pouvez entendre ce rire à des milles. Vous vous sentez alors si solitaire et cafardeux."
Salinger, L'attrape-coeurs
Je voulais commencer cet article par une citation de ce livre que je suis en train de lire car il me rend réellement dingue. Je ne suis guère étonnée qu'autant de tueurs s'en soient inspirés. Il est à la fois pudique et gênant , gênant de franchise, tranchant comme une lame. La chaleur tue, les peaux étouffent, le train empeste d'odeur de sueurs refroidies. Les odeurs. C'est ce que je trouve le plus flagrant par ces temps de canicules. Elle me suivent partout, s'accrochent à mes vêtements, même l'odeur de ma propre cigarette est insupportable, imprégnant ma peau. Dans les rues ça sent la pisse et les poubelles mal vidées dans lesquelles pourrissent encore des ordures. La chaleur assomme et je croise des zombies n'ayant qu'une peur, de rencontrer une connaissance et de devoir supporter des joues collantes ou une main moite. Et moi je pense aux chocs électriques qui se propagent dans tous les corps, indifférents aux évènements. Tout n'est que chaleur.